Lundi 6 Avril 2009 Quand le bois ou la paille se substitue au pétrole … Catherine Lapierre Agro ParisTech |
Bois, pailles, sons … ces matières premières forestières et agricoles ont un point commun : la paroi ligno-cellulosique, constituants majeurs des fibres végétales. Véritables édifices macromoléculaires, ces parois deviennent sources de molécules pour la chimie, les matériaux et l’énergie lorsque le végétal est soumis au processus de bioraffinerie.
Ainsi, en traitant les parois lignifiées en milieu alcalin (en condition de sévérité variable selon la matière première), on élimine une partie des lignines, véritable ciment enrobant les chaînes de cellulose et les hémicelluloses, pour libérer des fibres enrichies en cellulose (Figure 2). Ces fibres de cellulose constituent la matrice de la pâte à papier et peuvent être utilisées comme renfort dans des agro-matériaux. Elles représentent en outre une importante source de glucose qui, libéré par hydrolyse enzymatique ou acide (Figure 3), peut être fermenté en bio-éthanol et autres molécules « synthons » pour la chimie. Les lignines, solubilisées en milieu alcalin grâce à l’ionisation de leurs groupes phénoliques, peuvent être récupérées par acidification, ce qui provoque leur précipitation. Une fois purifiées, ces lignines peuvent être utilisées dans des applications diversifiées allant des matières plastiques biodégradables aux boues de forage en passant par l’utilisation comme liant dans des produits formulés destinés à l’alimentation animale (Figure 4).
Essentielles aux plantes avant récolte, les lignines sont des polymères phénoliques qui constituent le principal obstacle aux transformations biologiques ou industrielles des parois. Existe-t-il des parois lignifiées plus aptes à ces transformations et, dans ce cas, quelles sont les spécificités structurales de ces parois? Il existe deux stratégies complémentaires pour répondre à cette question importante pour la valorisation rationnelle des ligno-celluloses. On peut utiliser des plantes modèles affectées dans leur lignification par voie génétique et étudier l’impact des modifications structurales des lignines sur les propriétés des parois. Par ailleurs, on peut mimer, in vitro, le processus de lignification, processus radicalaire initié par oxydation enzymatique. En réalisant cette réaction dans des conditions contrôlées, il est possible de faire varier la structure des lignines afin de mieux comprendre l’impact de ces polymères sur les propriétés des parois.
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