Lundi 14 Mai 2007 Ces phénomènes lumineux qui nous entourent Bernard Valeur Conservatoire National des Arts et Métiers |
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Comment la lumière est-elle produite ? La matière peut émettre de la lumière selon des mécanismes très différents. Il est essentiel de distinguer l'incandescence, lumière émise par les corps portés à haute température (lumière dite chaude), et la luminescence qui n'est pas d'origine thermique (lumière dite froide). L'émission par incandescence obéit à des lois qui ne dépendent pratiquement pas de la nature du corps émetteur. La couleur des corps incandescents va du rouge au blanc-bleu en passant par le jaune et le blanc selon la température du corps (Fig. 1). L’application la plus banale est la bonne vieille lampe à incandescence qui brille par son record de longévité : elle n’a subi aucune modification depuis les années 1930, et elle est encore vendue à plus de 10 milliards d’exemplaires par an dans le monde !
Contrairement à l’incandescence, la luminescence qui résulte de la désexcitation d'atomes ou de molécules dépend de la nature de ces espèces : les aurores polaires et les feux d'artifices en sont des exemples spectaculaires. Les divers types de luminescence se distinguent par le mode d'excitation des atomes ou des molécules : absorption de lumière, champ électrique, réaction chimique ou biochimique, rayonnement radioactif, etc. (Tableau 1).
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Les phénomènes de luminescence donnent lieu à une multitude d’applications. En voici quelques-unes : • Les lampes
à décharge fondées sur l’électroluminescence
de certains gaz à haute pression (vapeur de sodium, vapeur de mercure,
halogénures métalliques) permettent d’obtenir de la
lumière blanche et sont donc utilisées pour l’éclairage
extérieur : rues, grands parkings, terrains de sport. • Les lampes
et tubes fluorescents sont également des lampes à
décharge mais elles mettent en œuvre à la fois l’électroluminescence
et la fluorescence. La décharge électrique dans la vapeur
de mercure produit un rayonnement UV qui excite le revêtement intérieur
des tubes comportant trois composés fluorescents. Ces derniers
émettent respectivement des lumières rouge, verte et bleue
: de la lumière blanche est ainsi produite par superposition de
ces lumières primaires. On vante à juste titre la consommation
d’énergie nettement inférieure à celle des
lampes à incandescence. • Les écrans
à plasma doivent leur nom à la technologie qui
exploite le phénomène de décharge électrique
conduisant à la formation d’un plasma de faible énergie
(milieu où cohabitent, grâce à un apport d’énergie,
des électrons et des ions à l’état libre).
Chaque pixel fonctionne comme un micro-tube fluorescent : il est constitué
de trois cellules contenant un mélange d’argon et de xénon,
et revêtue chacune d’un luminophore différent (un bleu,
un vert, un rouge) qui sont excités dans des proportions variables
pour reconstruire toutes les couleurs (synthèse additive). • L’acronyme LED
(pour Light Emitting Diode) fait désormais partie du langage courant
pour désigner les diodes émettrices de lumière, ou
diodes électroluminescentes. Ces diodes ont remplacé les
lampes miniatures à incandescence pour les affichages lumineux.
Elles sont de plus en plus utilisées pour l’éclairage
et nombre de lampes de poche en sont désormais munies. Le grand
avantage est la durée de fonctionnement : environ 45 000 h au lieu
de 1000 h pour une lampe standard. • Les azurants optiques rendent le linge ou le papier d’un blanc lumineux. Ce sont des composés fluorescents qui émettent de la lumière bleue se superposant à la couleur naturelle légèrement jaune du linge ou du papier. Bleu et jaune étant des couleurs complémentaires, leur association donne une impression de blanc qui en outre est lumineux en raison de l’émission de fluorescence, d’où l’expression « plus blanc que blanc » autrefois employée par une publicité pour vanter les mérites des lessives.
• Le marquage de sécurité
de documents (billets de banque en particulier) et de divers objets, en
vue de rendre difficile la contrefaçon, fait largement appel à la luminescence. • La chimiluminescence
est mise à profit pour doser dans l’atmosphère les oxydes d’azote, polluants
connus pour leur nocivité. Le monoxyde d’azote réagit avec l’ozone en
donnant des molécules de dioxyde d’azote excitées qui, en se désexcitant,
émettent de la lumière.
Pour en savoir plus
: |
Lampes à décharge Lampes fluo LED dans le métro parisien Azurants optiques Colorants fluorescents Billet de 50 Euros sous UV Bâtonslumineux (chimiluminescents) |