Lundi 11 Décembre 2006 La Bière, Alchimie, Chimie ou Art ? Jean-Paul Hebert ENSIA – Ecole Nationale Supérieure des Industries Agricoles et Alimentaires Massy - Montpellier
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La
bière boisson millénaire, universelle, est la deuxième
boisson élaborée après le thé dans le monde.
Le français, recordman du monde de consommation d’eau minérale
est un piètre buveur de bière ; que sont ses 35 litres bus
annuellement comparés aux 160 litres absorbés par les Néo-zélandais
ou Irlandais ! Pourtant, d’Ushuaia à Tromsö, au delà
du cercle polaire norvégien, les brasseries industrielles fabriquent
1,3 milliards d’hectolitres par an. A ces statistiques officielles
échappent, pour cause de fisc inquisiteur, les bières autochtones
de type dolo en Afrique, chicha en Amérique latine, saké
en Asie. L’origine
de la bière ; de l’âge de bière à la naissance de la chimie | ||
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Dès 820, un plan du monastère de Saint Gall en Suisse présente la conception d’une brasserie monacale
d’importance. La figure ci-contre présente un moine brassant à la force des bras, le mélange grain et
eau sous la protection de la croix des brasseurs. Cette croix, amulette porte bonheur, est interprétée
comme symbole de la fabrication de la bière à l’aide des signes alchimiques. Au Moyen Age, la recherche
de la pierre (bière ?) philosophale mettait en œuvre les 4 éléments, la terre, l’air, l’eau, le feu pour
le grand œuvre. La transmutation du grain solide en moût liquide était alors expliquée par combinaison des
éléments, au grain, issu de la terre, l’air et l’eau permettent au grain de germer, pour l’obtention de malt,
le feu, chauffant l’eau et le malt permet la saccharification (transformation de l’amidon en sucres) et
l’obtention d’un moût, le moût fermentant, libère de la chaleur (feu) et du gaz (air). |
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Moine Brasseur |
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Comment ne pas parler d’Antoine
Laurent, de LAVOISIER, pauvre fonctionnaire collecteur d’impôt de la royauté,
décapité en 1789, sa formule célèbre « Rien ne se perd, rien ne se créé
» lui permet d’être considéré comme le fondateur de la chimie. Dans la
prolongation des expériences d’oxydation du soufre, du plomb, il distingue
les corps simples des corps composés. Il réalise la synthèse de l’eau,
ce qui le rend tout de même infiniment moins performant que Saint Arnould
le Saint patron des Brasseurs multipliant lors d’un pèlerinage, les chopes
de bière. C6 H12 O6
==> 2 C2 H5 OH + 2 CO2 |
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Louis PASTEUR (1822-1895) normalien, a commencé
sa carrière comme chimiste. Sa thèse concerne les molécules racémiques et
les acides tartriques droits et gauches. C’est bien sûr la découverte d’un
rôle des microbes, et la pasteurisation qui l’immortaliseront… A la génération
spontanée, défendue par l’allemand LIEBIG, il oppose la notion d’éléments
figurés. Travailleur infatigable, il joue un rôle « d’ingénieur conseil
» auprès des distillateurs du Nord. Il s’intéresse à la bière par patriotisme.
Dans son ouvrage publié en 1876 « Etudes sur la bière », il écrit en préface
: « L’idée de ces recherches m’a été inspirée par nos malheurs. Je les ai
entreprises aussitôt après la guerre de 1870 et poursuivies sans relâche
depuis cette époque, avec la résolution de les mener assez loin pour marquer
d’un progrès durable une industrie dans laquelle l’Allemagne nous est supérieure
». Par la suite, il s’intéressera à la maladie des vers à soie. Vénéré comme
un Saint laïque il théorisera l’action pathogène des microbes, jettera les
fondements de l’hygiène et de la vaccination. Pour illustrer la fabrication de la bière et le rôle de la biochimie, il conviendrait de reprendre la définition de la bière. Bien évidemment, comme toute activité humaine, le législateur et son corollaire le fisc se sont employés à définir des règles et des impôts. La loi a évolué, en France, au cours des siècles. Au Moyen Age, en cas de disette, il était interdit de fabriquer la bière, les céréales restant dévolues au pain. Le pourcentage d’amylacés susceptibles de remplacer le malt, principalement le maïs ou le riz a évolué. Depuis le 31 Mars 1992, une révolution a eu lieu puisqu’il est possible d’ajouter au houblon « des matières premières aromatisantes qui ne doivent pas excéder 10 % du volume du produit fini ». Pour illustrer la fabrication de la bière et le rôle de la biochimie, il conviendrait de reprendre la définition de la bière. Bien évidemment, comme toute activité humaine, le législateur et son corollaire le fisc se sont employés à définir des règles et des impôts. La loi a évolué, en France, au cours des siècles. Au Moyen Age, en cas de disette, il était interdit de fabriquer la bière, les céréales restant dévolues au pain. Le pourcentage d’amylacés susceptibles de remplacer le malt, principalement le maïs ou le riz a évolué. Depuis le 31 Mars 1992, une révolution a eu lieu puisqu’il est possible d’ajouter au houblon « des matières premières aromatisantes qui ne doivent pas excéder 10 % du volume du produit fini ». |
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Schématiquement, la fabrication de la bière correspondant à la transformation sous l’influence d’enzymes de l’amidon du malt en maltose lors du brassage, puis la fermentation du moût sucré sous l’influence de levures dûment sélectionnées. En reprenant le travail de l’ethnologue Bertrand HELL auteur de l’ouvrage : « l’homme et la bière », la bière résulte du travail de l’homme alors que le vin est un don de Dieu. |
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Cercle des flaveurs regroupant les termes de classe et de premier niveau recommandés pour la dégustation de la bière. |
La bière, un art ? Difficile à croire si on en juge par l’art cinématographique véhiculant l’image d’hommes rudes s’alcoolisant à la bière. La France bicéphale vénère le vin et méprise la bière, alors que d’autres pays européens respectent ce breuvage gambrinal. La devise des brasseurs belges n’est-elle pas : « une bière brassée avec savoir se déguste avec sagesse » ? La dégustation d’une bière requière une culture, un vocabulaire mal connu en France. Les Québécois eux, parlent de goût de moufette pour qualifier une bière « au goût de lumière ». C’est que la bière peut révéler une palette de saveurs et d’odeurs très large. Les levures artistes du goût vont générer au cours de la maturation ou garde de la bière un ensemble de flaveurs décortiquées par les chimistes organiciens sous forme d’acides organiques, d’esters, de cétones d’isohumulones pour l’amertume et suprême plaisir pour la post amertume qualifiée par nos grands-parents de rappel à boire, etc… La législation récente de 1992 offre des possibilités croissantes d’imagination en termes de sensations gustatives. Les puristes regrettent cette évolution de bière cocktail mais les artisans brasseurs ont pu libérer leur créativité. A l’image des bretons précurseurs, la France voit se développer des mini brasseries de terroirs mettant en exergue leur spécificité, les bières aux châtaignes fleurissent en Corse ou en Ardèche, la bière au Génépi dans les Alpes, les bières au sarrazin en Bretagne sans oublier les bières du Sud, la bière des garrigues, la bière au muscat de Frontignan ou au Banyuls. A vous de découvrir la subtilité des arômes générés par les ingrédients et les produits métabolisés par la levure. |
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SAGESSE ET CONSOMMATION |
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La bière reste un produit totalement naturel, fruit du travail de l’homme récoltant les céréales, maîtrisant les réactions biochimiques, et les sortilèges de la fermentation. Une bière brassée avec savoir se déguste avec sagesse et n’oubliez pas une bière sans mousse c’est comme un jour sans soleil.
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LA DEGUSTATION EN FIN DE CONFERENCE Cette conférence
portant sur l'agroalimentaire, il a été nécessaire
de faire une dégustation pour juger du bien fondé des dires
des conférenciers. C'est ce qui a été fait, la conférence
s'est donc finie une chope à la main. |
Brasserie miniature (G. Samotyj) |
- Les bières du conférencier Gwenaël Samotyj : La Belle en Goguette et la Bière du coing que vous pourrez retrouver si vous passez dans le midi (www.brasseriedesgarrigues.fr) Des artisans
brasseurs vous ont offert leus bières : Simon Thillou
vous a également proposé Enfin, vous pouvez retrouver
tous les artisans brasseurs sur le site: |
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La dégustation a permis de finir cette année 2006 de façon agréable. Vous y étiez ? Accès aux vidéos au format Quicktime |