Lundi 15 Novembre 2004

Historique : le cas des colles

par Michel Barquins

ESPCI

 

Le collage est l’une des premières techniques d’assemblage d’une structure que l’homme ait utilisée en parallèle avec le coincement d’un outil et son éventuelle ligature sur un manche en bois, en corne ou encore en os. Cet attrait pour le collage n’est pas fortuit, il provient du fait que la nature, de tout temps et en tout lieu, s’est toujours trouvée généreuse en mettant à la disposition de chacun un grand nombre de produits naturels d’origines végétale (sève résineuse des conifères), animale (cire d’abeilles) et minérale (bitume).

Avant nous, et encore aujourd’hui, certains de nos amis les bêtes, pour survivre, utilisent le collage comme moyen de fixation aux supports sur lesquels ils adhèrent et de piège à nourriture, comme les araignées, les moules et les balanes.

 

 

La nature :

les balanes collées sur une coquille de moule

 

L’Antiquité :

le premier couteau
à moissonner
(38 siècles avant
notre ère)

Les collages utilisés dans le passé, n’ont pas toujours servi à fabriquer des instruments devant supporter des efforts mécaniques intenses comme en témoignent les sceaux utilisés dès la plus lointaine Antiquité pour clore très symboliquement un pli à l’aide de cire d’abeille, maintenir par du bitume les barrettes de lapis-lazuli sur le masque de Toutankhamon ou encore le collage des feuilles d’or, à l’aide de blanc d’œuf, sur les manuscrits enluminés du Moyen Âge.

D’abord issu d’une technique ou d’un art avec divers tours de main plus ou moins compliqués, le collage devient une science au début du XXe siècle en même temps qu’apparaît la notion de performance avec les premières colles synthétiques. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, commencent les études des lois de l’adhésion, du vieillissement et de la durée de vie des assemblages collés, et la préparation des produits adhésifs les plus variés assurant les assemblages les plus robustes.

 

L’art :

le collage

« Tristesse du roi »

Matisse (1952)

 

La chirurgie : les prothèses de hanche

On sait aujourd’hui qu’un bon collage nécessite la mise en place de liaisons chimiques rigides réalisant une espèce d’ancrage par un échange intime entre la surface du solide et l’adhésif. Cela est la théorie. En pratique, la plupart des surfaces sont mortes par suite d’une contamination superficielle. Cette situation interdit tout collage immédiat. Il faut alors réparer cette surface, à l’aide de traitements mécano physico chimiques appropriés, qui peuvent s’avérer coûteux mais qui sont indispensables pour rendre la surface agressive et donc active. On obtiendra ainsi un collage fort et durable.

 

La technologie :

les boosters collés de Discovery

 

A l’heure actuelle, la colle est partout, dans l’astronautique, l’aéronautique, l’automobile, le nautisme, les charpentes, les parements d’immeubles, l’habitat, la reliure, les chaussures, les montres, les skis, les pansements, les prothèses, l’Art, etc. Si bien que l’on peut affirmer aujourd’hui que le collage constitue une alternative moderne aux trois techniques classiques d’assemblage que sont le rivetage, le boulonnage et le soudage.

    

    Le quotidien : le timbre autocollant

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