Lundi 17 Mai 2004

Sol, plante et atmosphère :
une union vitale

par Daniel Tessier et Jean-François Morot-Gaudry

INRA

 



Travail du sol, photo F. Lhopiteau


Champ de blé au printemps, photo F. Lhopiteau



 

La nutrition minérale
 
Les plantes par leurs racines absorbent l’eau et les sels minéraux, nitrates, phosphates, sulfates, potassium, calcium, magnésium, fer pour les plus importants. Ces éléments sont indispensables au bon fonctionnement de la plante.

L’azote est à la base de la synthèse des acides aminés (éléments des protéines, enzymatiques ou non) et des acides nucléiques (support de l’information génétique). Un hectare de maïs utilise plus de 200 kg d’azote par an.

Le soufre et le fer interviennent dans les transferts d’électrons (oxydoréduction). Les anions et les cations en général assurent les équilibres électriques et ioniques entre les différents compartiments cellulaires. Le calcium est de plus impliqué dans la signalétique cellulaire.

Un hectare de maïs consomme par transpiration 60 tonnes d’eau par jour et par hectare. Ce mouvement d’eau du sol à l’atmosphère via la plante, en assure le refroidissement et permet le transfert des éléments minéraux.

Depuis toujours, sol et plante sont intimement liés. La plante tire du sol eau et les minéraux. Les racines des plantes excrètent dans le sol des molécules organiques et des protons et en modifient l’environnement (pH).

Coupe longitudinale de racine

 

Plant de tabac (nicotiana) cultivé sur gel d’agarose déficient en Fer et contenant un indicateur coloré à pH, en jaune les zones où le gel a été acidifié (pourpre de bromocrésol de pK 6.5) (d’après Vansuyt et al., 2003).


Carte des variations de pH induites par une racine de colza (Brassica napus) cultivé en milieu déficient en phosphore (d’après Arvieu et al., 1997)

L’assimilation des ions minéraux implique de l’énergie (ATP) et des transporteurs membranaires.

 

La photosynthèse ou synthèse à la lumière

1) Les plantes captent l’énergie lumineuse (photons de la lumière visible : 400 à 700 nm) et la transforme en pouvoir réducteur (NADPH + H+) et molécule énergétique (ATP) ; c’est la phase photochimique de la photosynthèse.

2) Les plantes fixent le carbone du CO2 atmosphérique et grâce au pouvoir réducteur et à l’ATP, synthétisent les glucides (ou sucres), molécules à la base de toutes les molécules organiques ; c’est la phase biochimique de la photosynthèse.

Toutes ces réactions se déroulent dans des petits organites foliaires, les chloroplastes (10 µm).

 

 

Feuilles de vigne

Coupe de chloroplaste montrant le systèmes lamellaire portant la machinerie photosynthétique

La phase photochimique de la photosynthèse
 
Les plantes captent la lumière grâce aux pigments, les chlorophylles (pigments verts) et les caroténoïdes (pigments jaunes) essentiellement. Ces derniers enchâssés dans une matrice protéique, constituent les antennes qui assurent la capture de l’énergie lumineuse (photons de la lumière visible).

Des complexes protéines/chlorophylles/transporteurs d’électrons assurent la transformation de l’énergie lumineuse en courant électrique (séparation de charges électroniques) ; ce sont les centres réactionnels. Une chaîne de transporteurs permet le transfert spontané des électrons des centres réactionnels à un accepteur final, le NADP+ qui est réduit en NADPH + H+ (pouvoir réducteur).

Simultanément, un transfert de protons accompagne le transfert d’électrons et créé un gradient de protons entre l’intérieur des thylacoïdes et le stroma du chloroplaste. La dissipation de ce gradient de protons génère de l’énergie qui permet la synthèse d’une molécule très énergétique l’ATP à partir d’ADP et de phosphate inorganique Pi.

Ces réactions d’oxydoréduction nécessitent une source inépuisable d’électrons, l’eau. Le produit de déchet de l’oxydation de l’eau par la machinerie photosynthétique est l’oxygène qui est à l’origine de quasiment tout l’oxygène de notre atmosphère.

Note :
ADP
Adénosine Di Phosphate
ATP Adénosine Tri Phosphate, molécule riche en énergie.
NADP et NADPH : le NADP est une coenzyme qui agit au cours de nombreuses réactions d'oxydo-réduction en transférant des électrons d'une molécule à une autre. Une molécule organique est oxydée lorsqu'elle perd des atomes d'hydrogène (H+ + e-) et elle est réduite lorsqu'elle en gagne. Le NADP qui accepte les électrons se transforme en NAPDH.


La phase biochimique de la photosynthèse
 
Les plantes fixent le carbone du CO2 sur un sucre bisphosphorylé à 5 carbones, le ribulose bisphosphate qui se scinde rapidement en deux molécules à 3 carbones, l’acide phosphoglycérique ; cette réaction est catalysée par une enzyme qui est la plus répandue dans le monde, la ribulose bisphosphate carboxylase/oxygénase ou plus simplement Rubisco.

Ces molécules tricarbonées en présence des produits de la phase photochimique , ATP et NADPH + H+ sont réduites en trioses phosphates, premiers sucres à la base de toutes les molécules organiques de notre planète (sucres, acides aminés, lipides, etc.).

 

Le sol

Le développement de la plante modifie les propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols. Après leur décomposition les racines des plantes laissent la place à des galeries permettent l’aération et l’écoulement de l’eau et permettent ainsi le développement des bactéries aérobies qui sont les principaux décomposeurs des matières organiques dans les sols.
La plante est à l’origine de sécrétions, notamment des sucres, qui sont une source de carbone déterminante pour le développement des bactéries décomposeuses des résidus végétaux morts.
Les bactéries, comme les plantes peuvent secréter des sucres et, après leur décomposition, les résidus des plantes se transforment en humus. L’ensemble s’agrège aux argiles est modifie les propriétés des sols. La décomposition des matières organiques issues de la décomposition des végétaux est la source principale d’éléments indispensables à la plante.

Microstructure d ’une argile à trois teneurs en eau (MEB).

La plante pompe de l’eau dans l’argile laquelle se présente sous la forme d’une sorte d’éponge déformable. Le volume de l’argile diminue lorsque le contenu en eau diminue. Il en résulte la formation de fissures.

Variation de volume à trois pressions (D. Tessier).

a)P = 0.032 bar

b)P = 1 bar

c)P = 10 bars

Les racines rejettent des sucres (en clair). Les organiques proviennent aussi de la biodégradation des végétaux morts apportés aux sols. Les matières organiques s’agrégent aux argiles (en foncé). C'est ce qui donne au sol sa cohésion macroscopique. Les sucres sont très aisément dégradés par les microorganismes des sols alors que les matières organiques provenant de la décomposition des végétaux peuvent avoir une durée de vie très longue.

 

Programme 2004